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福楼拜短篇杰作《一颗简单的心》

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福楼拜短篇杰作《一颗简单的心》 ----------------------------------------------------------------------- TITRE : "Un coeur simple" (extrait de "Trois contes") GENRE : "conte" DATE : 1877 AUTEUR : Gustave Flaubert (1821-1880). ----------------------------------------------------...

福楼拜短篇杰作《一颗简单的心》
----------------------------------------------------------------------- TITRE : "Un coeur simple" (extrait de "Trois contes") GENRE : "conte" DATE : 1877 AUTEUR : Gustave Flaubert (1821-1880). ----------------------------------------------------------------------- Texte int‚gral. TRANSCRIPTION ETABLIE LE : 13 novembre 1994 PAR : Jo‰l Surcouf ------------------------------------------------ EDITION Pas de remarques particulŠres. Les passages qui se trouvaient en italiques dans le texte original ont ‚t‚ plac‚s ici entre ast‚riques. ----------------------------------------------------------------------- Ce fichier COEUR10.TXT, contenant le texte du conte "Un coeur simple" de Gustave Flaubert, est compact‚ et diffus‚ sous le nom de "COEUR10.ZIP". Cette version porte le num‚ro "10" : si des versions modifi‚es venaient … ˆtre ult‚rieurement diffus‚es, il serait bon qu'elles soient successivement num‚rot‚es "11", 12", etc. L'‚laboration de ce texte a ‚t‚ inspir‚e par les objectifs du Projet Gutenberg, qui se propose de diffuser aussi largement que possible des oeuvres litt‚raires du domaine public sous forme d'"etextes" (ou "textes ‚lectroniques") pouvant ˆtre lus … la fois par des yeux humains et par des ordinateurs. On trouvera notamment sur le BBS THE DATA ZONE les fichiers exposant les principes du Projet Gutenberg ; ce serveur propose ‚galement quelques-uns des textes anglais diffus‚s par les auteurs de ce grand projet. Pour m'adresser des critiques ou des suggestions, pour ‚changer des informations, ou pour me signaler d'‚ventuelles erreurs, ne pas h‚siter … me joindre … l'une des adresses Internet suivantes : joel.surcouf@atd.fdn.fr surcouf@cesar.culture.fr On peut ‚galement me trouver sur les serveurs suivants : MODULA (16 1) 4043 0124 THE DATA ZONE (16 1) 3970 6456 ********************************************************************** * DEBUT DU TEXTE "Un coeur simple" (COEUR10.TXT). ********************************************************************** * Gustave Flaubert UN COEUR SIMPLE (extrait de "Trois Contes", 1877) I Pendant un demi-siŠcle, les bourgeoises de Pont-l'� vˆque enviŠrent … Mme Aubain sa servante F‚licit‚. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le m‚nage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidŠle … sa maŒtresse, -- qui cependant n'‚tait pas une personne agr‚able. Elle avait ‚pous‚ un beau gar‡on sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants trŠs jeunes avec une quantit‚ de dettes. Alors elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses dont les rentes montaient … 5 000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu … ses ancˆtres et plac‚e derriŠre les halles. Cette maison, revˆtue d'ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant … la riviŠre. Elle avait int‚rieurement des diff‚rences de niveau qui faisaient tr‚bucher. Un vestibule ‚troit s‚parait la cuisine de la *salle* o— Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise prŠs de la crois‚e dans un fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s'alignaient huit chaises d'acajou. Un vieux piano supportait, sous un baromŠtre, un tas pyramidal de boŒtes et de cartons. Deux bergŠres de tapisserie flanquaient la chemin‚e en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, repr‚sentait un temple de Vesta, -- et tout l'appartement sentait un peu le moisi, car le plancher ‚tait plus bas que le jardin. Au premier ‚tage, il y avait d'abord la chambre de "Madame", trŠs grande, tendue d'un papier … fleurs pƒles, et contenant le portrait de "Monsieur" en costume de muscadin. Elle communiquait avec une chambre plus petite, o— l'on voyait deux couchettes d'enfants, sans matelas. Puis venait le salon, toujours ferm‚, et rempli de meubles recouverts d'un drap. Ensuite un corridor menait … un cabinet d'‚tudes ; des livres et des paperasses garnissaient les rayons d'une bibliothŠque entourant de ses trois c“t‚s un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins … la plume, des paysages … la gouache et des gravures d'Audran, souvenirs d'un temps meilleur et d'un luxe ‚vanoui. Une lucarne au second ‚tage ‚clairait la chambre de F‚licit‚, ayant vue sur les prairies. Elle se levait dŠs l'aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu'au soir sans interruption ; puis, le dŒner ‚tant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la b–che sous les cendres et s'endormait devant l'ƒtre, son rosaire … la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d'entˆtement. Quant … la propret‚, le poli de ses casseroles faisait le d‚sespoir des autres servantes. � conome, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, -- un pain de douze livres, cuit exprŠs pour elle, et qui durait vingt jours. En toute saison, elle portait un mouchoir d'indienne fix‚ dans le dos par une ‚pingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier … bavette, comme les infirmiŠres d'h“pital. Son visage ‚tait maigre et sa voix aigu‰. A vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. DŠs la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun ƒge ; -- et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesur‚s, semblait une femme en bois, fonctionnant d'une maniŠre automatique. II Elle avait eu, comme une autre, son histoire d'amour. Son pŠre, un ma‡on, s'‚tait tu‚ en tombant d'un ‚chafaudage. Puis sa mŠre mourut, ses soeurs se dispersŠrent, un fermier la recueillit, et l'employa toute petite … garder les vaches dans la campagne. Elle grelottait sous des haillons, buvait … plat ventre l'eau des mares, … propos de rien ‚tait battue, et finalement fut chass‚e pour un vol de trente sols, qu'elle n'avait pas commis. Elle entra dans une autre ferme, y devint fille de basse-cour, et, comme elle plaisait aux patrons, ses camarades la jalousaient. Un soir du mois d'ao–t (elle avait alors dix-huit ans), ils l'entraŒnŠrent … l'assembl‚e de Colleville. Tout de suite elle fut ‚tourdie, stup‚faite par le tapage des m‚n‚triers, les lumiŠres dans les arbres, la bigarrure des costumes, les dentelles, les croix d'or, cette masse de monde sautant … la fois. Elle se tenait … l'‚cart modestement, quand un jeune homme d'apparence cossue, et qui fumait sa pipe les deux coudes sur le timon d'un banneau, vint l'inviter … la danse. Il lui paya du cidre, du caf‚, de la galette, un foulard, et, s'imaginant qu'elle le devinait, offrit de la reconduire. Au bord d'un champ d'avoine, il la renversa brutalement. Elle eut peur et se mit … crier. Il s'‚loigna. Un autre soir, sur la route de Beaumont, elle voulut d‚passer un grand chariot de foin qui avan‡ait lentement, et en fr“lant les roues elle reconnut Th‚odore. Il l'aborda d'un air tranquille, disant qu'il fallait tout pardonner, puisque c'‚tait "la faute de la boisson". Elle ne sut que r‚pondre et avait envie de s'enfuir. Aussit“t il parla des r‚coltes et des notables de la commune, car son pŠre avait abandonn‚ Colleville pour la ferme des � cots, de sorte que maintenant ils se trouvaient voisins. -- "Ah !" dit-elle. Il ajouta qu'on d‚sirait l'‚tablir. Du reste, il n'‚tait pas press‚, et attendait une femme … son go–t. Elle baissa la tˆte. Alors, il lui demanda si elle pensait au mariage. Elle reprit, en souriant, que c'‚tait mal de se moquer. -- "Mais non, je vous jure !" et du bras gauche il lui entoura la taille ; elle marchait soutenue par son ‚treinte ; ils se ralentirent. Le vent ‚tait mou, les ‚toiles brillaient, l'‚norme charret‚e de foin oscillait devant eux ; et les quatre chevaux, en traŒnant leurs pas, soulevaient de la poussiŠre. Puis, sans commandement, ils tournŠrent … droite. Il l'embrassa encore une fois. Elle disparut dans l'ombre. Th‚odore, la semaine suivante, en obtint des rendez-vous. Ils se rencontraient au fond des cours, derriŠre un mur, sous un arbre isol‚. Elle n'‚tait pas innocente … la maniŠre des demoiselles, -- les animaux l'avaient instruite ; -- mais la raison et l'instinct de l'honneur l'empˆchŠrent de faillir. Cette r‚sistance exasp‚ra l'amour de Th‚odore, si bien que pour le satisfaire (ou na‹vement peut-ˆtre) il proposa de l'‚pouser. Elle h‚sitait … le croire. Il fit de grands serments. Bient“t il avoua quelque chose de fƒcheux : ses parents, l'ann‚e derniŠre, lui avaient achet‚ un homme ; mais d'un jour … l'autre on pourrait le reprendre ; l'id‚e de servir l'effrayait. Cette couardise fut pour F‚licit‚ une preuve de tendresse ; la sienne en redoubla. Elle s'‚chappait la nuit, et, parvenue au rendez-vous, Th‚odore la torturait avec ses inqui‚tudes et ses instances. Enfin, il annon‡a qu'il irait lui-mˆme … la Pr‚fecture prendre des informations, et les apporterait dimanche prochain entre onze heures et minuit. Le moment arriv‚, elle courut vers l'amoureux. A sa place, elle trouva un de ses amis. Il lui apprit qu'elle ne devait plus le revoir. Pour se garantir de la conscription, Th‚odore avait ‚pous‚ une vieille femme trŠs riche, Mme Lehoussais, de Toucques. Ce fut un chagrin d‚sordonn‚. Elle se jeta par terre, poussa des cris, appela le bon Dieu, et g‚mit toute seule dans la campagne jusqu'au soleil levant. Puis elle revint … la ferme, d‚clara son intention d'en partir ; et, au bout du mois, ayant re‡u ses comptes, elle enferma tout son petit bagage dans un mouchoir, et se rendit … Pont-l'� vˆque. Devant l'auberge, elle questionna une bourgeoise en capeline de veuve, et qui pr‚cis‚ment cherchait une cuisiniŠre. La jeune fille ne savait pas grand-chose, mais paraissait avoir tant de bonne volont‚ et si peu d'exigences, que Mme Aubain finit par dire : -- "Soit, je vous accepte !" F‚licit‚, un quart d'heure aprŠs, ‚tait install‚e chez elle. D'abord elle y v‚cut dans une sorte de tremblement que lui causaient "le genre de la maison" et le souvenir de "Monsieur", planant sur tout ! Paul et Virginie, l'un ƒg‚ de sept ans, l'autre de quatre … peine, lui semblaient form‚s d'une matiŠre pr‚cieuse ; elle les portait sur son dos comme un cheval, et Mme Aubain lui d‚fendit de les baiser … chaque minute, ce qui la mortifia. Cependant elle se trouvait heureuse. La douceur du milieu avait fondu sa tristesse. Tous les jeudis, des habitu‚s venaient faire une partie de boston. F‚licit‚ pr‚parait d'avance les cartes et les chaufferettes. Ils arrivaient … huit heures bien juste, et se retiraient avant le coup de onze. Chaque lundi matin, le brocanteur qui logeait sous l'all‚e ‚talait par terre ses ferrailles. Puis la ville se remplissait d'un bourdonnement de voix, o— se mˆlaient des hennissements de chevaux, des bˆlements d'agneaux, des grognements de cochons, avec le bruit sec des carrioles dans la rue. Vers midi, au plus fort du march‚, on voyait paraŒtre sur le seuil un vieux paysan de haute taille, la casquette en arriŠre, le nez crochu, et qui ‚tait Robelin, le fermier de Geffosses. Peu de temps aprŠs, c'‚tait Li‚bard, le fermier de Toucques, petit, rouge, obŠse, portant une veste grise et des houseaux arm‚s d'‚perons. Tous deux offraient … leur propri‚taire des poules ou des fromages. F‚licit‚ invariablement d‚jouait leurs astuces, et ils s'en allaient pleins de consid‚ration pour elle. A des ‚poques ind‚termin‚es, Mme Aubain recevait la visite du marquis de Gremanville, un de ses oncles, ruin‚ par la crapule et qui vivait … Falaise sur le dernier lopin de ses terres. Il se pr‚sentait toujours … l'heure du d‚jeuner, avec un affreux caniche dont les pattes salissaient tous les meubles. Malgr‚ ses efforts pour paraŒtre gentilhomme jusqu'… soulever son chapeau chaque fois qu'il disait : "Feu mon pŠre", l'habitude l'entraŒnant, il se versait … boire coup sur coup, et lƒchait des gaillardises. F‚licit‚ le poussait dehors poliment : "Vous en avez assez, Monsieur de Gremanville ! A une autre fois !" Et elle refermait la porte. Elle l'ouvrait avec plaisir devant M. Bourais, ancien avou‚. Sa cravate blanche et sa calvitie, le jabot de sa chemise, son ample redingote brune, sa fa‡on de priser en arrondissant le bras, tout son individu lui produisait ce trouble o— nous jette le spectacle des hommes extraordinaires. Comme il g‚rait les propri‚t‚s de "Madame", il s'enfermait avec elle pendant des heures dans le cabinet de "Monsieur", et craignait toujours de se compromettre, respectait infiniment la magistrature, avait des pr‚tentions au latin. Pour instruire les enfants d'une maniŠre agr‚able, il leur fit cadeau d'une g‚ographie en estampes. Elles repr‚sentaient diff‚rentes scŠnes du monde, des anthropophages coiff‚s de plumes, un singe enlevant une demoiselle, des B‚douins dans le d‚sert, une baleine qu'on harponnait, etc. Paul donna l'explication de ces gravures … F‚licit‚. Ce fut mˆme toute son ‚ducation litt‚raire. Celle des enfants ‚tait faite par Guyot, un pauvre diable employ‚ … la Mairie, fameux pour sa belle main, et qui repassait son canif sur sa botte. Quand le temps ‚tait clair, on s'en allait de bonne heure … la ferme de Geffosses. La cour est en pente, la maison dans le milieu ; et la mer, au loin, apparaŒt comme une tache grise. F‚licit‚ retirait de son cabas des tranches de viande froide, et on d‚jeunait dans un appartement faisant suite … la laiterie. Il ‚tait le seul reste d'une habitation de plaisance, maintenant disparue. Le papier de la muraille en lambeaux tremblait aux courants d'air. Mme Aubain penchait son front, accabl‚e de souvenirs, les enfants n'osaient plus parler. "Mais jouez donc !" disait-elle ; ils d‚campaient. Paul montait dans la grange, attrapait des oiseaux, faisait des ricochets sur la mare, ou tapait avec un bƒton les grosses futailles qui r‚sonnaient comme des tambours. Virginie donnait … manger aux lapins, se pr‚cipitait pour cueillir des bluets, et la rapidit‚ de ses jambes d‚couvrait ses petits pantalons brod‚s. Un soir d'automne, on s'en retourna par les herbages. La lune … son premier quartier ‚clairait une partie du ciel, et un brouillard flottait comme une ‚charpe sur les sinuosit‚s de la Toucques. Des boeufs, ‚tendus au milieu du gazon, regardaient tranquillement ces quatre personnes passer. Dans la troisiŠme pƒture quelques-uns se levŠrent, puis se mirent en rond devant elles. -- "Ne craignez rien !" dit F‚licit‚ ; et, murmurant une sorte de complainte, elle flatta sur l'‚chine celui qui se trouvait le plus prŠs ; il fit volte-face, les autres l'imitŠrent. Mais, quand l'herbage suivant fut travers‚, un beuglement formidable s'‚leva. C'‚tait un taureau, que cachait le brouillard. Il avan‡a vers les deux femmes. Mme Aubain allait courir. -- "Non ! non ! moins vite !" Elles pressaient le pas cependant, et entendaient par-derriŠre un souffle sonore qui se rapprochait. Ses sabots, comme des marteaux, battaient l'herbe de la prairie ; voil… qu'il galopait maintenant ! F‚licit‚ se retourna, et elle arrachait … deux mains des plaques de terre qu'elle lui jetait dans les yeux. Il baissait le mufle, secouait les cornes et tremblait de fureur en beuglant horriblement. Mme Aubain, au bout de l'herbage avec ses deux petits, cherchait ‚perdue comment franchir le haut bord. F‚licit‚ reculait toujours devant le taureau, et continuellement lan‡ait des mottes de gazon qui l'aveuglaient, tandis qu'elle criait : -- "D‚pˆchez-vous ! d‚pˆchez-vous !" Mme Aubain descendit le foss‚, poussa Virginie, Paul ensuite, tomba plusieurs fois en tƒchant de gravir le talus, et … force de courage y parvint. Le taureau avait accul‚ F‚licit‚ contre une claire-voie ; sa bave lui rejaillissait … la figure, une seconde de plus il l'‚ventrait. Elle eut le temps de se couler entre deux barreaux, et la grosse bˆte, toute surprise, s'arrˆta. Cet ‚v‚nement, pendant bien des ann‚es, fut un sujet de conversation … Pont-l'� vˆque. F‚licit‚ n'en tira aucun orgueil, ne se doutant mˆme pas qu'elle e–t rien fait d'h‚ro‹que. Virginie l'occupait exclusivement ; -- car elle eut, … la suite de son effroi, une affection nerveuse, et M. Poupart, le docteur, conseilla les bains de mer de Trouville. Dans ce temps-l…, ils n'‚taient pas fr‚quent‚s. Mme Aubain prit des renseignements, consulta Bourais, fit des pr‚paratifs comme pour un long voyage. Ses colis partirent la veille, dans la charrette de Li‚bard. Le lendemain, il amena deux chevaux dont l'un avait une selle de femme, munie d'un dossier de velours ; et sur la croupe du second un manteau roul‚ formait une maniŠre de siŠge. Mme Aubain y monta, derriŠre lui. F‚licit‚ se chargea de Virginie, et Paul enfourcha l'ƒne de M. Lechaptois, prˆt‚ sous la condition d'en avoir grand soin. La route ‚tait si mauvaise que ses huit kilomŠtres exigŠrent deux heures. Les chevaux enfon‡aient jusqu'aux paturons dans la boue, et faisaient pour en sortir de brusques mouvements des hanches, ou bien ils butaient contre les orniŠres ; d'autres fois, il leur fallait sauter. La jument de Li‚bard, … de certains endroits, s'arrˆtait tout … coup. Il attendait patiemment qu'elle se remŒt en marche ; et il parlait des personnes dont les propri‚t‚s bordaient la route, ajoutant … leur histoire des r‚flexions morales. Ainsi, au milieu de Toucques, comme on passait sous des fenˆtres entour‚es de capucines, il dit, avec un haussement d'‚paules : -- "En voil… une Mme Lehoussais, qui au lieu de prendre un jeune homme..." F‚licit‚ n'entendit pas le reste ; les chevaux trottaient, l'ƒne galopait ; tous enfilŠrent un sentier, une barriŠre tourna, deux gar‡ons parurent, et l'on descendit devant le purin, sur le seuil mˆme de la porte. La mŠre Li‚bard, en apercevant sa maŒtresse, prodigua les d‚monstrations de joie. Elle lui servit un d‚jeuner o— il y avait un aloyau, des tripes, du boudin, une fricass‚e de poulet, du cidre mousseux une tarte aux compotes et des prunes … l'eau-de-vie, accompagnant le tout de politesses … Madame qui paraissait en meilleure sant‚, … Mademoiselle devenue "magnifique", … M. Paul singuliŠrement "forci", sans oublier leurs grands-parents d‚funts que les Li‚bard avaient connus, ‚tant au service de la famille depuis plusieurs g‚n‚rations. La ferme avait, comme eux, un caractŠre d'anciennet‚. Les poutrelles du plafond ‚taient vermoulues, les murailles noires de fum‚e, les carreaux gris de poussiŠre. Un dressoir en chˆne supportait toutes sortes d'ustensiles, des brocs, des assiettes, des ‚cuelles d'‚tain, des piŠges … loup, des forces pour les moutons ; une seringue ‚norme fit rire les enfants. Pas un arbre des trois cours qui n'e–t des champignons … sa base, ou dans ses rameaux une touffe de gui. Le vent en avait jet‚ bas plusieurs. Ils avaient repris par le milieu ; et tous fl‚chissaient sous la quantit‚ de leurs pommes. Les toits de paille, pareils … du velours brun et in‚gaux d'‚paisseur, r‚sistaient aux plus fortes bourrasques. Cependant la charreterie tombait en ruine. Mme Aubain dit qu'elle aviserait, et commanda de reharnacher les bˆtes. On fut encore une demi-heure avant d'atteindre Trouville. La petite caravane mit pied … terre pour passer les *� cores* ; c'‚tait une falaise surplombant des bateaux ; et trois minutes plus tard, au bout du quai, on entra dans la cour de l'*Agneau d'or*, ch
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